Santé

Les bruits et les nuisances sonores

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

Les sources de bruit sont multiples : le bruit de voisinage et des activités, le bruit des transports. Les pollutions sonores sont une forte préoccupation pour beaucoup de Françaises et de Français.

Le bruit, une forme de pollution

Le bruit c’est une émission sonore se propageant en vibration dans l’air. Il se caractérise par sa fréquence (mesurée en hertz), son niveau (mesuré en décibels) et sa durée.
En fonction de sa durée, de son intensité, de son origine mais également des perceptions individuelles, le bruit peut être considéré comme une pollution.

D’après un sondage réalisé par EUROSTAT, plus de 1 Français sur 5 estime souffrir du bruit en 2023. Ce sentiment de gêne lié aux nuisances sonores a assez nettement diminué entre 2004 et 2019 avant de réaugmenter depuis 2020.

Crédits : Source : Eurostat 2025 « La population vivant dans des ménages qui considèrent qu’ils souffrent du bruit »

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Part de la population Française considérant souffrir du bruit, en %

Le graphique est une courbe linéaire (ligne jaune) qui représente l’évolution du pourcentage de la population française déclarant souffrir du bruit, sur la période allant de 2004 à 2023.

  • Axe des ordonnées (Vertical) : Représente le pourcentage, allant de 0 à 25.
  • Axe des abscisses (Horizontal) : Représente les années, de 2004 à 2023.

Synthèse des tendances

Pic Initial (Maximum) : La part la plus élevée est observée en 2004 avec 23,5 %.
Période de Baisse : Il y a une baisse significative entre 2004 et 2008, puis une stabilisation autour de 18-19 % jusqu’en 2011.
Minimum : Le pourcentage le plus bas est atteint en 2013 avec 16,2 %.
Tendance Récente à la Hausse : Après une période de relative stabilité (16 % à 18 %) entre 2013 et 2019, on observe une nette augmentation entre 2019 et 2020 (passant de 17,3 % à 20,7 %), et une légère hausse en 2023 (atteignant 21,1 %).
La valeur de 21,1 % en 2023 est la plus élevée depuis 2004.

La pollution sonore est à l’origine d’effets importants sur la santé, allant de la perte d’audition jusqu’au développement de maladies cardiovasculaires. L’Organisation mondiale de la santé considère la pollution sonore comme la 2e cause de mortalité, derrière la pollution atmosphérique, parmi les facteurs de risques environnementaux en Europe ( source ).

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Illustration de la pollution sonore affectant la santé humaine avec avion, chantier, train et circulation.

Les impacts des nuisances sonores

Au-delà des effets auditifs tels que la perturbation des communications ou la dégradation de l’audition, les nuisances sonores peuvent entraîner des effets allant des troubles du sommeil jusqu’à une perturbation du système cardio-vasculaire.

On observe en général :

  • les effets auditifs (baisse de l’audition, surdité, etc.), conséquences d’une exposition prolongée à un niveau élevé de bruit généralement en milieu professionnel ou lors des loisirs ;
  • les effets extra-auditifs objectifs (perturbation du sommeil, du système endocrinien, du système cardio-vasculaire, effets sur le système immunitaire, etc.) ;
  • les effets extra-auditifs subjectifs, issus d’une perception individuelle (gêne, effets sur les attitudes et le comportement social).

Les impacts sanitaires extra-auditifs peuvent également survenir à court ou moyen long terme, après une exposition régulière à des niveaux sonores parfois faibles. Il est difficile d’établir de lien direct entre l’exposition au bruit et l’apparition de troubles. Des liens ont toutefois été établis entre l’exposition au bruit des transports et l’apparition de certains symptômes ou troubles (perturbation du sommeil, maladies cardio-vasculaires, troubles de l’apprentissage).

D’après l’Agence Européenne pour l’Environnement, le bruit serait à l’origine de plus de 66 000 cas de mortalité prématurée par an en Europe.

En France, une étude commandée par l’ADEME (Agence pour la transition écologique) estime à 147 milliards d’euros par an le coût social des pollutions sonores en 2021 en prenant notamment en compte le coût des troubles et maladies associées, la perte de productivité et la baisse de prix de l’immobilier.

Le port de casque ou d’écouteurs : les bons gestes

 

  • Attendre d’être dans un endroit calme pour régler le volume du son
  • Ne pas monter le volume au-delà de la moitié du maximum de l’appareil et ne pas l’augmenter pour couvrir les bruits ambiants
  • Limiter sa durée d’écoute
  • Ne pas s’endormir avec ses écouteurs

Les facteurs d’exposition à la pollution sonore

Les sources d’exposition à la pollution sonore sont diverses et possèdent des impacts plus ou moins importants sur l’humain.

Le transport

Les différents moyens de transports (circulation, trains, avions…) engendrent la principale nuisance sonore pour les Français selon un sondage de 2020 cité par le Ministère de la Transition Écologique.

Le bruit des transports terrestres est causé à la fois par les véhicules en circulation et les infrastructures elles-mêmes (revêtement du sol, aménagement du véhicule, état des rails pour le transport ferroviaire, etc.). La pollution sonore due à l’aviation intervient principalement lors du décollage et de l’atterrissage. Elle dépend également de l’appareil (avion civil, militaire, hélicoptère, etc.).

Le développement du trafic routier et ferroviaire, ainsi que la construction à proximité des infrastructures de transports, ont soumis un grand nombre de logements à une forte pollution sonore.

Pour répondre à cela, les lois « Grenelle de l’Environnement » de 2009 demandent la prévention du bruit à la source et la réduction du bruit pour les situations les plus critiques. La loi européenne de 2002 sur le bruit impose aussi l’élaboration d’un plan d’action de prévention du bruit pour les constructions les plus importantes, avec des études d’impact et les moyens de protection à employer.

Acoustique des bâtiments

Des nuisances sonores peuvent provenir des bâtiments par les logements à proximité, l’ascenseur, la chaufferie, la ventilation, etc.

La réglementation en vigueur aujourd’hui impose pour la construction d’habitations neuves de plus de 10 logements des niveaux maximum de bruit. Plusieurs mesures doivent être réalisées après les travaux pour évaluer l’isolation globale du bâtiment à la pollution sonore pouvant provenir de l’extérieur et de l’intérieur.

Pour les habitations existantes, il est possible d’améliorer l’isolation acoustique via le changement de revêtements des sols, des fenêtres ou de l’isolation murale. L’Agence Nationale pour l’information sur le logement peut fournir des informations spécifiques en fonction des rénovations et apporter des aides financières sous certaines conditions.

Le voisinage

Le bruit de voisinage inclut les bruits de comportement, ceux provenant d’activités professionnelles et de chantiers, ainsi que des activités de loisir.

Le niveau de bruit provenant des activités sont toutes encadrées par la loi. Les activités économiques doivent fournir des mesures de décibel conformes aux seuils réglementaires. En cas d’infraction et à défaut de résolution amiable, les entreprises ou individus responsables du bruit devront verser des dommages et intérêts aux victimes.

Certaines activités ne sont pas soumises à l’obligation de mesure, comme les bruits de comportements (conversations, fêtes, bricolages, cris d’animaux), rassemblements ainsi que les utilisations d’appareils domestiques (électroménager, chaîne hi-fi, ventilation, etc.).

Le Conseil National du Bruit a créé un guide pour la constatation d’une infraction pour ces activités.

Les populations des villes particulièrement exposées

Une enquête menée auprès de la population française en 2014, pilotée par le ministère en charge de l’environnement, a montré que les premiers facteurs de nuisance cités par les Français sont la circulation et les voisins. L’ancienneté et l’isolation du bâtiment ont également un impact sur l’intensité des nuisances ressenties par les ménages (Insee, enquête logement 2013).

L’élaboration de cartes de bruit est imposée par la loi européenne de 2002 sur le bruit aux gestionnaires d’infrastructures de transport (aérien, routier, ferroviaire) et à certaines agglomérations de plus de 100 000 habitants.

Les résultats des 25 agglomérations ayant élaboré leur carte de bruit permettent de dresser un bilan de l’exposition des populations des villes. Au total, plus de 22 millions d’habitants sont exposés au bruit routier, soit 42 % (de jour) et 27 % (de nuit) de la population de ces agglomérations. L’exposition au bruit ferroviaire touche plus de 2 millions d’habitants dans ces agglomérations. Enfin, 0,8 % de la population est exposée au bruit du trafic aérien, ce qui représente plus de 236 000 personnes.

La difficile diminution des points noirs du bruit

Un point noir bruit (PNB) est un bâtiment dit « sensible » (habitation, établissement de santé ou d’enseignement) exposé à des niveaux sonores dépassant les valeurs limites réglementaires.

L’ADEME a recensé 246 000 bâtiments PNB en France métropolitaine répartis dans 480 quartiers.

Le quatrième plan national de santé environnement prévoit des financements pour l’isolation acoustique de ces bâtiments PNB prioritaires.

Financement et surveillance pour lutter contre les expositions aux nuisances sonores

En 2009, le Grenelle de l’environnement a permis la création du plan bruit porté par l’ADEME, avec trois objectifs :

  • le financement de la réduction des nuisances sonores causées par le réseau routier national et ferroviaire
  • un dispositif de lutte contre les nuisances sonores du transport aérien
  • le développement d’un réseau d’observatoires de bruit dans les grandes agglomérations.

Plus récemment, le quatrième plan national santé environnement prévoit plusieurs actions pour lutter contre le bruit : la rénovation acoustique des logements sociaux autour des axes routiers, ferroviaires et les bâtiments à côté des aéroports, la mise en place d’espaces calmes au sein des communes, la pose de radars sonores pour constater automatiquement un dépassement sonore de véhicules motorisés.

En parallèle, le plan a créé le «   » ayant pour objectif de valoriser et promouvoir les actions ou les projets visant à améliorer ou à préserver l’environnement sonore. Les entreprises, collectivités et organismes peuvent obtenir ce label en créant un espace calme ou un moment apaisé permettant aux individus de disposer de tranquillité sonore.

Crédits : Source : SDES Bilan Environnemental 2024

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Les dépenses pour la lutter contre le bruit et les vibrations

Note : L’euro constant corrige l’inflation pour que la valeur de l’euro soit la même en 2006 et en 2022, permettant une comparaison fiable.

Les dépenses consacrées à la lutte contre le bruit et les vibrations en France ont connu une progression notable entre 2000 et 2022.

Faible croissance initiale (2000-2004) : Après un début à 1,3 milliard d’euros en 2000 et une légère fluctuation (descendant jusqu’à 1,3 milliard également en 2002, 2003 et 2004), les dépenses sont restées relativement stables au début de la période.
Hausse significative (2005-2008) : Une croissance marquée a été observée à partir de 2005, culminant à 2,3 milliards d’euros en 2008.
Période de stabilisation (2009-2016) : Les dépenses se sont ensuite stabilisées autour de 1,9 à 2 milliards d’euros pendant près de huit ans.
Forte accélération récente (2017-2022) : À partir de 2017, une nouvelle phase de croissance s’est amorcée, conduisant à une forte augmentation. La période se termine avec un record historique de 3 milliards d’euros constants dépensés en 2022, soit plus du double du niveau du début de la période.

En 2022, 3 milliards d’euros ont été affectés à la lutte contre les nuisances sonores, soit 0,1 % environ du produit national brut de la France. Les principales dépenses concernent surtout la rénovation acoustique des fenêtres dans le bâtiment ainsi que le remplacement des silencieux des véhicules et le traitement des routes et des points noirs.

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