Le phosphore caractérise, avec l’azote et le potassium, l’un des trois nutriments indispensables à la croissance des végétaux. Concentré dans la partie superficielle du sol, le phosphore provient de l’altération des roches (forme minérale) ou de la dégradation des végétaux par la faune et la flore du sol (forme organique). Les agriculteurs recourent également à des apports de fertilisants phosphatés minéraux ou organiques (fumiers, lisiers) dans les sols appauvris en phosphore. Ils utilisent cependant peu de phosphates naturels réservés aux sols acides. Associé aux nitrates en excès, le phosphore contribue à l’eutrophisation des eaux de surface. Par ailleurs, certains engrais minéraux phosphatés peuvent introduire du cadmium dans l’environnement. Enfin, les boues de traitement des eaux usées recyclées en agriculture pour leur qualité fertilisante, peuvent polluer les sols (micropolluants organiques, micro-organismes pathogènes, métaux).
Les teneurs en phosphore dans les sols
En France métropolitaine sur la période 2010-2014, les teneurs médianes en phosphore des sols s’étendent entre 14 et 172 mg/kg pour les cantons disposant d’assez de données, soit un peu moins de 80 % des cantons. Les teneurs les plus élevées (soit plus de 81 mg/kg) concernent un cinquièmes de ces cantons.
Plus localement, la part de cantons présentant les plus fortes teneurs en phosphore est nettement supérieure à la moyenne française dans certaines régions : Nord-Pas-de-Calais (77 % des cantons renseignés), Bretagne (69 %), Alsace (31 %). Les causes de ces fortes teneurs sont multiples : élevage intensif depuis quarante ans (Bretagne), usage ancien des scories, sous-produit de l’élaboration de produits métallurgiques (Alsace, Nord-Pas-de-Calais). À l’inverse, dans de nombreuses régions, la majorité des cantons présente des teneurs en phosphore faibles pour assurer de bons rendements sans apport de fertilisant dans les sols cultivés, quel que soit le type de culture.