Biodiversité

Les menaces sur la biodiversité

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

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De multiples pressions d’origine anthropique, c’est-à-dire dues aux activités humaines, fragilisent l’état de la biodiversité en France, parmi lesquelles l’artificialisation du territoire, la fragmentation des milieux naturels, l’intensification des pratiques agricoles, la prolifération d’espèces exotiques envahissantes, la pollution lumineuse, le changement climatique.

La biodiversité en danger 

La crise actuelle de la biodiversité est la conséquence des effets cumulés des pressions exercées par les activités humaines. L’artificialisation et l’agriculture intensive figurent parmi les premières causes de perte de biodiversité en fragmentant et en détruisant les habitats naturels.

L’augmentation des échanges, commerciaux ou non, facilite la dissémination d’espèces exotiques envahissantes, avec un risque pour la faune et la flore autochtones. Les pollutions diverses, ainsi que la surexploitation des ressources naturelles, en particulier marines, exercent aussi de fortes pressions sur les milieux et les espèces.

Enfin, les effets directs et indirects du changement climatique (modification des conditions de température et de pluviométrie, nécessité de s’adapter…) représentent une menace croissante pour la biodiversité.

Actualités : Menaces sur la biodiversité

Les  principaux facteurs d’érosion de la biodiversité 

Érosion de la biodiversité, de quoi parle-t-on ?

L’érosion de la biodiversité se traduit notamment par l’augmentation du taux d’extinction d’espèces, par le déclin des populations de certaines d’espèces, par la dégradation des habitats naturels. Elle résulte principalement de la destruction et de la fragmentation des milieux naturels (due aux activités humaines : urbanisation croissante, intensification des pratiques agricoles, etc.), de leur pollution (d’origines domestique, industrielle et agricole), de la surexploitation d’espèces sauvages (surpêche, déforestation, etc.), de l’introduction d’espèces exotiques envahissantes, mais également du changement climatique.

Depuis l’avènement de l’Anthropocène, le taux d’extinction d’espèces animales et végétales n’a jamais été aussi élevé, estimé à 100 fois supérieur aux taux des cinq grandes extinctions de masse sur Terre, au point d’assister, aujourd’hui, à la sixième extinction massive. Alors que la plupart des disparitions d’espèces ont eu lieu jusque-là sur des îles océaniques, près de la moitié des extinctions se sont produites sur des continents au cours des vingt dernières années. La biodiversité est aujourd’hui largement menacée sur toute la planète.

L’érosion de la biodiversité est préjudiciable à plusieurs titres :

  • elle entraîne une perte de patrimoine génétique (extinction d’espèces, perte de populations) ;
  • elle affecte également le fonctionnement des écosystèmes terrestres et aquatiques (modification des habitats, déplacement des espèces, eutrophisation des eaux de surface, etc.) ainsi que leur capacité à s’adapter aux changements des conditions physiques et biotiques (résilience). Or, les écosystèmes procurent de nombreux bénéfices à l’homme (nourriture, eau, ressources génétiques, etc.). Ces services, dits « écosystémiques », sont dégradés, et à long terme, leur pérennité est menacée.

Près de 65 800 ha artificialisés chaque année en métropole entre 2006 et 2015

L’artificialisation, qui correspond à la transformation d’un sol à caractère naturel, agricole ou forestier par des actions d’aménagement, a un impact significatif sur la faune et la flore. Elle exerce une pression majeure sur la biodiversité du fait de la destruction des milieux naturels et par conséquent des espèces qui y vivent. L’Île-de-France, la Bretagne, la Normandie ou encore les Hauts-de-France comptent parmi les régions les plus fortement touchées avec une dynamique d’artificialisation élevée. Avec un rythme de +1,4 % en moyenne par an, l’artificialisation a crû trois fois plus rapidement que la population.

De même, en outre-mer, plus de 300 ha en moyenne dans l’ensemble des départements ont été artificialisés chaque année entre 2000 et 2012, affectant fortement les forêts, lieux de vie de nombreuses espèces (780 ha de feuillus en moins sur toute la période).

Des milieux naturels et des cours d’eau fragmentés

Conséquence de l’urbanisation et de l’extension des infrastructures routières et ferroviaires, la fragmentation se manifeste lorsqu’un écosystème de large étendue est divisé en de nombreux fragments de taille réduite. Ce morcellement du territoire constitue une menace pour la biodiversité (isolement génétique des populations, etc.).

La fragmentation des cours d’eau est, quant à elle, provoquée par la construction, notamment, de barrages, de seuils, d’écluses, constituant autant d’obstacles à l’écoulement des cours d’eau. Sur une estimation de 120 000 obstacles majeurs, plus de 97 200 ont été recensés en 2018, soit une densité de 16 obstacles pour 100 km de cours d’eau. En modifiant leurs caractéristiques hydrologiques, physico-chimiques et morphologiques, ces ouvrages entravent le bon fonctionnement des écosystèmes aquatiques et freinent la mobilité des espèces migratrices telles que le saumon et l’anguille.

Des pratiques agricoles intensives qui dégradent les écosystèmes

L’agriculture intensive, caractérisée par l’utilisation massive d’intrants (engrais chimiques, produits phytosanitaires), par un assolement moins diversifié d’espèces cultivées et par une mécanisation poussée, fragilise la biodiversité et la santé humaine, en contribuant, entre autres, à la pollution de l’air, des sols, des nappes phréatiques et des cours d’eau.

La simplification des paysages et la diminution continue des surfaces de prairies sont deux autres facteurs expliquant la perte de biodiversité en milieu agricole. Plus particulièrement, les grands espaces toujours en herbe, riches en biodiversité (prairies, milieux herbacés ouverts, etc.) ont diminué de 7,9 % en métropole entre 2000 et 2010 avec une perte de 622 000 ha, soit l’équivalent de la surface du département de l’Hérault.

Les espèces exotiques envahissantes sont l’une des principales causes de l’érosion de la biodiversité mondiale selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Introduites par l’Homme, de façon volontaire ou accidentelle, sur un territoire, elles constituent en effet une menace pour les écosystèmes et peuvent avoir des répercussions considérables sur la santé et l’économie. Elles exercent une pression sur les espèces locales (compétition, prédation, transmission de maladie, etc.). Parmi les plus emblématiques, figurent le ragondin, la grenouille taureau, également le frelon asiatique, ou encore les jussies. En France métropolitaine, sur un panel de 84 espèces, en moyenne 12 nouvelles espèces exotiques envahissantes s’installent dans chaque département tous les dix ans depuis 1982 . L’enjeu est particulièrement fort dans les îles d’outre-mer où vivent de nombreuses espèces endémiques.

La pollution lumineuse, source de perturbations pour les écosystèmes et les espèces nocturnes

La pollution lumineuse, qui se caractérise par un excès d’éclairage artificiel la nuit, a de nombreux impacts sur la biodiversité. Elle perturbe le déplacement des espèces nocturnes (oiseaux migrateurs, chauves-souris, papillons, tortues marines venant d’éclore, etc.), affecte leur activité alimentaire, influe sur leur période d’activité et de maturité reproductrice. En 2020, l’Observatoire national de la biodiversité (ONB) a mis au point un nouvel indicateur qui permet de mesurer la part du territoire métropolitain fortement exposée au phénomène de pollution lumineuse.

Le changement climatique, une menace pour la biodiversité

Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) (2018) fait apparaître le changement climatique comme le troisième facteur affectant la biodiversité avec un impact depuis le niveau des écosystèmes jusqu’à celui de la diversité génétique. Ce rapport souligne que de nombreux habitats naturels sont menacés par les effets du réchauffement climatique.

En effet, le changement climatique modifie l’aire de répartition des espèces (une augmentation de 1 °C correspond en France à un décalage des zones climatiques d’environ 200 km vers le Nord). Ces modifications entrainent un déplacement des espèces vers les pôles ou vers des altitudes plus élevées, avec une vitesse de déplacement modulée par les capacités de migration propres à chaque espèce et des interactions avec les activités humaines. Ainsi certaines espèces très mobiles pourront se déplacer rapidement si des corridors écologiques sont maintenus, tandis que d’autres (peuplements arborés) seront plus lentes à suivre leur niche écologique.

La migration des espèces vers le Nord et les régions de plus haute altitude modifiera les peuplements et de nouvelles relations s’établiront, en particulier des relations de compétition entre des espèces généralistes qui auront migré et des espèces spécialistes de certains milieux. Parmi eux, figurent les milieux montagnards, qui, en France métropolitaine, concentrent de nombreux écosystèmes diversifiés. Ainsi, la fonte des glaciers, qui altère le régime d’écoulement des cours d’eau, peut engendrer de profonds changements sur les écosystèmes et mettre en péril les espèces spécifiques de ces habitats.

L’évolution des glaciers métropolitains illustre ce phénomène. Un suivi de cinq glaciers alpins et pyrénéens a montré une régression de 18,8 m d’eau entre 2001 et 2013. Pour les espèces à faible capacité de dispersion, les risques d’extinction seront accrus.

Le changement climatique modifie également la physiologie des espèces. Les calendriers biologiques pourront évoluer avec des conséquences complexes sur les écosystèmes car des désynchronisations entre espèces interdépendantes pourront avoir lieu.

Ressources

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