Biodiversité

L’érosion hydrique des sols

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

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L’érosion déplace les matériaux constituant les sols essentiellement sous l’influence des pluies, souvent renforcées par les activités humaines. Ce phénomène naturel majeur de la dégradation des sols cause une perte annuelle estimée à 25 milliards de tonnes à l’échelle mondiale. Quant à l’Europe, la Commission européenne estime que 17 % de sa surface, soit 26 millions d’hectares, est affectée par l’érosion hydrique.

L’aléa d’érosion des sols

En France métropolitaine, l’aléa d’érosion des sols (probabilité d’occurrence d’une érosion d’une intensité donnée) moyen à très fort concerne environ un cinquième du territoire. Dans le nord de la France, les terres arables sont particulièrement vulnérables en raison d’un faible couvert végétal une partie de l’année. En revanche, dans le nord du Bassin parisien et le Sud-ouest, l’érosion est liée à la forte sensibilité des sols à la formation d’une croûte colmatant la surface (battance) et à l’origine du ruissellement. Enfin, l’aléa érosif élevé s’explique par l’intensité des pluies combinée aux fortes pentes dans l’arc alpin et en Corse, ou à l’hétérogénéité des zones agricoles dans l’est de la Bretagne.

De multiples facteurs influencent l’érosion : propriétés des sols, relief, protection par le couvert végétal ou climat. Ainsi, sur des sols limoneux particulièrement sensibles à la battance (formation d’une croûte superficielle colmatant la surface du sol favorisant le ruissellement), le ruissellement peut se déclencher sur des pentes faibles (inférieures à 5 %) et lors d’épisodes pluvieux peu importants. Si l’érosion peut arracher les plants ou les semis sur les terres agricoles, certaines pratiques peuvent limiter ces dégâts : cultures perpendiculaires à la pente, conservation des haies, techniques culturales sans labour.

Aléa d’érosion des sols par petite région agricole
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Note : aléa érosif des sols estimé à l’aide du modèle Mesales. Il combine plusieurs propriétés du sol (sensibilité à la battance et à l’érodibilité), du terrain (type d’occupation du sol, pente) et climatiques (intensité et hauteur des précipitations).

Source : Gis Sol – Inra – SOeS, 2010

Les pertes en terre

Les pertes en terre dues à l’érosion hydrique sont estimées à 1,5 t/ha/an en moyenne, avec une forte variabilité (jusqu’à 20 % du territoire affecté par des taux très élevés). Les vignobles, et dans une moindre mesure les terres cultivées et les vergers, sont les plus affectés. Les zones limoneuses du Nord et les plaines cultivées de la vallée de la Garonne sont également fortement exposés aux pertes en terre. Dans environ la moitié des régions plus de 20 % de la surface est affectée par une érosion supérieure à 2 t/ha/an : les régions de grandes cultures intensives (Centre, est de la Normandie, Ile-de-France, Hauts-de-France) et est de l’Occitanie, ainsi que les régions d’élevage intensif de l’Ouest (ouest de la Normandie, Bretagne, Pays de la Loire). Or, une perte de sol supérieure à 1 t/ha/an peut être considérée comme irréversible sur une période de 50 à 100 ans.

Les pertes en terre par érosion hydrique des sols
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Figure 174

Source : BRGM, 2010. D’après Cerdan et al., 2010

Traitement : SoeS, 2013

Surfaces concernées par les pertes en terre par érosion hydrique des sols, par région

Source : BRGM, 2010. D’après Cerdan et al., 2010

Traitement : SOeS, 2013

Les coulées d’eau boueuse

L’érosion peut toutefois prendre des tournures catastrophiques en provoquant des coulées d’eau boueuse. Leur fréquence constitue un bon indicateur d’une érosion chronique importante des sols. Les dégâts provoqués par ces coulées font l’objet de demandes d’indemnisation au titre des catastrophes naturelles. 80 800 arrêtés ont ainsi été recensés en France entre 1982 et 2016. Sur cette période de 30 ans, 18 % des reconnaissances d’état de catastrophe naturelle relatives aux coulées de boue ont été enregistrés les deux premières années, sans doute en raison de la mise en place de cette procédure administrative. L’évolution du nombre d’arrêtés semble en partie corrélée à celle de la pluviométrie. Les pouvoirs publics disposent d’outils pour limiter la survenance des coulées : plans de préventions des risques (PPR) et documents d’urbanisme (cartes communales, Plu, Scot, DTA).

Évolution du nombre de communes reconnues en état de catastrophes naturelles "coulées de boues"

Champ : France métropolitaine (pluie) ; France entière (arrêtés catastrophes naturelles "coulées de boue")

Source : Medde/DEB (1982-2005) ; MétéoFrance (2007-2016) ; MTES/DGPR, Gaspar, 2017

Traitement : SDES, 2018

Ressources

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